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QU'EST-CE QUE LA NATURE AUJOURD'HUI?

A 2h42, ma réponse à "Qu'est-ce que la nature aujourd'hui".

 
Et, plein de débats très intéressants qui ont eu lieu, en 2020, au Kaaitheatre, lors de Again(st) nature.
 

POURQUOI "LES GRANDS LUNAIRES" ?

Il y a plus de cinquante ans, une enfant reçoit une radio à oreillette et se laisse bercer par ces atmosphères :

 

c'est le début d'une passion

Moi, j'ai toujours cru que tu vous avais appelés Les grands Lunaires comme une description de toi et de ton mari :

deux personnages grands, blancs, rêveurs, avec une tête ronde (lunaire) au bout d'un long cou, un peu comme les catoblépas,

mais le cou droit, pas penché, des sortes de Pierrots longs et fins.

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Annie M.

A l'ouverture de la boîte, je trouvai dedans un je ne sais quoi de métal quasi tout semblable à nos horloges, plein d'un nombre infini de petits ressorts et de machines imperceptibles. C'est un livre à la vérité, mais c'est un livre miraculeux qui n'a ni feuillets ni caractères ; enfin c'est un livre où, pour apprendre, les yeux sont inutiles ; on n'a besoin que d'oreilles. Quand quelqu'un donc souhaite lire, il bande, avec une grande quantité de toutes sortes de clefs, cette machine, puis il tourne l'aiguille sur le chapitre qu'il désire écouter, et au même temps il sort de cette noix comme de la bouche d'un homme, ou d'un instrument de musique, tous les sons distincts et différents qui servent, entre Grands Lunaires, à l'expression du langage.
(...)
Lorsque j'eus réfléchi sur cette miraculeuse invention de faire des livres, je ne m'étonnai plus de voir que les jeunes hommes de ce pays-là possédaient davantage de connaissance à seize et à dix-huit ans que les barbes grises du nôtre. Car sachant lire aussitôt que parler, ils ne sont jamais sans lecture ; dans la chambre, à la promenade, en ville, en voyage, à pied, à cheval, ils peuvent avoir dans la poche, ou pendus à l'arçon de leurs selles, une trentaine de ces livres dont ils n'ont qu'à bander un ressort pour en ouïr un chapitre seulement, ou bien plusieurs, s'ils sont en humeur d'écouter tout un livre. Aussi vous avez éternellement autour de vous tous les grands hommes et morts et vivants qui vous entretiennent de vive voix.
Vous me demanderez comment se peut-il faire que j'aperçoive si loin de moi une chose que je ne vois point. De mes oreilles sort-il des éponges qui boivent cette musique pour me la rapporter, ou ce joueur engendre-t-il dans ma tête un autre petit joueur avec un petit luth, qui ait ordre de me chanter les mêmes airs ? Non, mais ce miracle procède de ce que, la corde tirée venant à frapper les petits corps dont l'air est composé, elle le chasse dans mon cerveau, le perçant doucement avec ces petits riens corporels ; et selon que la corde est bandée, le son est haut, à cause qu'elle pousse des atomes plus vigoureusement ; et l'organe, ainsi pénétré, en fournit à la fantaisie assez de quoi faire son tableau ; si trop peu, il arrive que notre mémoire n'ayant pas encore achevé son image, nous sommes contraints de lui répéter le même son, afin que, des matériaux que lui fournissent, par exemple, les mesures d'une sarabande, elle en dérobe assez pour achever le portrait de cette sarabande.
Mais cette opération n'est presque rien ; le merveilleux, c'est lorsque par son ministère nous sommes émus tantôt à la joie, tantôt à la rage, tantôt à la pitié, tantôt à la rêverie, tantôt à la douleur. Cela se fait, je m'imagine, si le mouvement que ces petits corps reçoivent, rencontrent dedans nous d'autres petits corps remués de même sens, ou que leur propre figure rend susceptibles du même ébranlement ; car alors les nouveaux venus excitent leurs hôtes à se remuer comme eux. Et de cette façon, lorsqu'un air violent rencontre le feu de notre sang incliné au même branle, il anime ce feu à se pousser dehors et c'est ce que nous appelons ardeur de courage ; si le son est plus doux, et qu'il n'ait la force de soulever qu'une moindre flamme plus ébranlée, à cause que la matière est plus volatile, en la promenant le long des nerfs, des membranes et des pertuis de notre chair, elle excite ce chatouillement qu'on appelle joie. Il en arrive ainsi de l'ébullition des autres passions, selon que ces petits corps sont jetés plus ou moins violemment sur nous, selon le mouvement qu'ils reçoivent par la rencontre d'autres branles et selon ce qu'ils trouvent à remuer chez nous. Voici quant à l'ouïe.

Savignien de Cyrano de Bergerac (XVIIe)

Il a dit aussi "Et pourquoi non ?" Nous nous le répétons chaque jour.lettre065

TU CAUSES, TU CAUSES

tu causes

« Tu causes, tu causes, c’est tout ce que tu sais faire » répète invariablement le perroquet de Raymond Queneau dans son fameux Zazie dans le métro.

« Tu causes, tu causes… » s’amuse à reprendre Christine Van Acker avant de s’insurger avec ironie et humour contre toutes ces conversations creuses, ces dialogues qui n’en sont pas, ces phrases toutes faites et qui ne veulent rien dire, ou plutôt qui ne veulent pas dire.

En 12 courts récits parfois touchants, parfois drôles, souvent pitoyables, de la tour de Babel aux techniques de rencontres amoureuses, elle dresse un portrait au vitriol de nos habitudes langagières et nous promène sans ménagement dans un univers de poncifs et de faux semblants qui encombrent régulièrement les tentatives de véritables dialogues.

« On encaisse la graisse des mots » écrit-elle. Et elle a bien raison de nous le rappeler.

Pour le commander 

Le vieux jardinier d'Emile Claus

 vieux jardinier

*Le vieux jardinier est paru en octobre 2022, chez Invenit.

Voir l'émission Sous couverture (à partir de 18') 

 IMG 05351 1 Lecture à La Boverie, le 12 novembre 2023 (Liège)

 

Une chronique de Véronique Bergen, dans Le carnet et les Instants :

"Dans la très belle collection « Ekphrasis » des Éditions Invenit, basée sur le principe du dialogue entre un écrivain et une œuvre muséale, Christine Van Acker décline un texte floral-cosmique, d’une écopoésie subtile, consacré au tableau Le vieux jardinier du peintre Émile Claus. C’est à partir du rayonnement d’Hélios qu’elle approche cette œuvre exposée à La Boverie à Liège et qu’elle déroule un texte-tournesol autour d’un artiste qui fut une des figures marquantes du luminisme. La confrontation relève de multiples registres : du registre existentiel dès lors que l’éclat héliaque du Vieux jardinier « sauve des vies », sauve « quelques mois » de celle de l’autrice au creux de l’hiver du confinement, registre du récit biographique, des échos de l’enfance, registre de l’esthétique et des effets qu’il produit, registre d’une sensibilité et d’un engagement écologiques. Dans ce portrait d’un portrait, Christine Van Acker tisse des fils de soie, d’or, de mousse entre le corps-monde du personnage peint par Émile Claus et le corps-terre de son grand-père, déplie la carte du Temps et de ses ravages écologiques, remonte de la fin du 19e siècle à notre présent dévasté. Le mouvement s’enfonce dans l’esprit et la matière du tableau autant que dans les rêves qui prolongent la géographie de sa composition. Le chant de la terre qui monte d’une toile datant des années 1886, l’autrice entre autres d’Ici (Le Dilettante), de La bête a bon dos (José Corti), L’en vert de nos corps (L’Arbre de Diane), du Monde d’ici-bas. Christine Brisset, une femme ordinaire (L’Esperluète) le diffracte sur les portées musicales de l’enfance, de la nature, du lien (saccagé/retrouvé/animiste/amoureux…) que l’on noue avec elle. S’ouvrant sur une saisissante description de la naissance de la forge solaire il y a cinq milliards d’années, le texte se clôt sur le récit de la mort de l’étoile dans cinq milliards d’années. Christine Van Acker nous dévoile le personnage principal du tableau d’Émile Claus et nous délivre son nom : Soleil dès lors que « c’est le Soleil en personne qui, par la grâce des métamorphoses, a pris pieds, jambes, bras, mains, poitrine, visage d’homme. C’est le Soleil qui s’invite, astre aux yeux cernés, à la barbe irisée ». Dispensateur de vie, permettant l’apparition de la vie sur terre, Hélios s’incarne dans un vieil homme humble qui traversait une époque où la cathédrale du vivant ne s’effondrait pas encore, où les oiseaux déployaient des chants qui rythmaient les saisons.

Qui regarde qui ? Comment, à partir de son monde d’alliances entre humain, végétal et animal, le jardinier nous perçoit-il ? Qu’avons-nous perdu, qu’avons-nous gagné sur le chemin de halage qui mène du 19e siècle au 21e siècle ?

Donnez-lui le temps de traverser les âges et d’accepter votre aujourd’hui. Qu’avez-vous fait de ce dont il a pris soin ? Que sont devenus les arbres qu’il vous avait confiés ? Poussé dans le dos par le peuple végétal, il se heurte à la victoire contemporaine du minéral, préfigurée par la grisaille de la colonne, de la jalousie, et du carrelage qu’il foule de ses pieds.

Le retour vers un monde dont la nature et ses tribus végétales et animales n’étaient pas encore totalement sacrifiées sur l’autel d’un néolibéralisme écocidaire laisse tout à la fois résonner la mélodie de la perte, de la colère contre une dévastation environnementale dont l’humain est responsable et les chants d’une harmonie retrouvée avec les multiples formes du vivant. Méditation sur un tableau, sur une manière d’être au monde, en connexion avec les voix des fleurs, des arbres, des rivières, réflexions sur la présence sensible à la terre, le travail des champs, le cycle des saisons à l’heure du virtuel, de l’artificialisation du vivant et de la spatiophagie due à l’expansion de l’homo sapiens, évocation d’une campagne flamande au bord de la Lys, d’un univers champêtre qui n’existe plus, Le Vieux jardinier nous plonge dans la beauté florale-végétale d’un texte dont les pétales, les branches sentent le bégonia, les herbes folles et les nectars de l’enfance."

Véronique Bergen

LES BONNES NOUVELLES

couverture

           Illustration : Fabien Mérelle

Les bonnes nouvelles ont été éditées par Les grands lunaires, en mai 2022. Ce livre n'a pas de diffuseur. Pour le commander : les.grands.lunaires (@)skynet.be.

4ème de couverture :

L’urgence et l’amour — comment appeler ça autrement ? – me poussent à t’écrire pour te donner une nouvelle fois la vie, l’envie. La ténacité du vivant t’a fait naître, il y a vingt ans, à travers moi, par l’entremise de notre désir de ton père et du mien. À l’époque, la question s’était posée : avions-nous le droit d’ouvrir les voies de l’existence à un nouvel humain sur la Terre que nous ne trouvions plus présentable en l’état ? Etait-il encore possible de vouloir naître ? Y avait-il eu un moment dans l’histoire humaine où la question ne s’était pas posée ? Une région du Monde où elle n’avait nulle raison d’être ? Car nous étions de ces parents qui réfléchissent avant de s’ensemencer. Nous avions cette liberté qui manque à tant d’autres. Dire non à la vie.

L'avis des lecteurs :

"Il y a beaucoup de belles pages ; l'écriture est toujours à la hauteur du sujet qui mériterait des séances de réflexion et de partage. A l'âge où j'ai "fait" des enfants, j'étais irréfléchi, bouillant de vie et bien trop impatient pour penser à ce que je faisais, et puis la question ne se posait pas à l'époque. Ton livre la pose clairement, mais à la lumière d'un siècle qui a perdu la foi et qui n'envisage plus que l'apocalypse. C'est une manière de voir et de sentir (je ne suis hélas pas une mère) que je ne partage pas entièrement ou plutôt que je suis loin de partager dans ces termes, tout en restant ouvert à la "discussion" (je mets entre parenthèses, car je déteste ce mot). J'aime la tendresse en ta voix quand tu parles à ton fils ; les pages sur la bibliothèque, tu les as écrites à ma place ; le texte sur les pietàs sont très belles et d'une grande justesse ; etc, etc.   Guy.G

 

J'ai aimé, beaucoup aimé parce que ça m'a touché et que c'est énoncé avec grâce et humilité même si c'est grave, triste, inquiétant, risible parfois, fondamentalement angoissant et chevillé d'espoir quand-même. Ça m'a dépouillé de quelques fils élimés de colère, rappelé ma place de poussière, invité un peu plus loin sur un chemin d'acceptation. Ça a donné le la à ma journée, d'abord pour le titre du bref journal que j'ai lu dans la foulée : "Que tout aille bien"; ensuite pour le chant La grève des mères, sur lequel je suis tombé en farfouillant dans un répertoire de chants "traditionnels", et qui m'a fait écho à certaines de tes lignes.   Manu D.
"Le texte est très fort et très juste ! Pour paraphraser Lacan, l’adolescence est un continent noir ! Le lecteur se pose évidemment la question de savoir comment le fiston a reçu le livre… même s’il ne lit pas, il l’aura certainement lu avec avidité".   Alain D.

"J’ai relu votre cri, crayon en main. J’ai repassé au fluo les passages qui ont retenu mon attention et les ai recopiés. C’est en effet le cri d’une Pieta digne d’Anto Carte ou  de Constantin Meunier ( « le coup de grisou ») ou de Käthe Kollwitz, la nouvelle Mutter Courage. 

Walter Benjamin,: “Nur um der Hoffnunglosen willen ist uns die Hoffnung gegeben”. (“It is only for the sake of those without hope that hope is given to us.”) Pensée 68-778 "C'est en raison de ceux qui sont sans espérance que l'espoir nous est donné".

Bernanos : "La plus haute forme de l'espérance, c'est le désespoir surmonté."" Marc.G

 

"Merci de m’avoir envoyé ce beau texte, qu’on lit avec l’oreille, 
en se disant qu’il devrait être enregistré ou dit sur une scène. 
La couve est magnifique… Le propos ramifié et délicat, profond, audacieux aussi 
(comment oser écrire sur son enfant, qu’en dira-t'il, etc.). A déguster plutôt qu’à lire. Caroline.L

J'ai lu Les bonnes nouvelles. J'en ai été très touchée. Ca me parle, à un autre moment. J'ai eu le cœur serré de lire certains passages, de ce que c'est de constater que l'enfant n'a pas toujours voulu prendre ce qu'on lui tendait. Je trouve ça un livre poignant en fait.   Catherine P.

Ce livre "placenta" m'a énormément touchée et fait réfléchir. Ayant moi-même une seule enfant, je m'y suis reconnue évidemment dans une résonnance troublante avec tes mots. Je trouve ton projet formidable, de redonner une seconde fois la vie et l'envie. Merci!!   Isabelle DP
 
Un post sur FB :
Que se passe-t-il dans la capitale parisienne en ce moment !? Un engouement formidable pour le dernier livre " Les bonnes nouvelles" de Christine van Acker fait l'unanimité. À chaque coin de rue, assis, debout, allongé, installé en terrasse ou même en vélo, dans le métro, on rencontre un lecteur plongé dans son livre. Le public dévore les lignes de l'auteure belge aussi avidement que les macarons de chez Ladurée ! C'est inédit : des milliers de personnes se mettent à réfléchir à l'existence, à l'avenir, à leur destinée et celle de leur progéniture ! Le plus stupéfiant est que nombre d'entre eux, changent totalement de vie après cette lecture ! Les embouteillages dans le sens Paris-province dues aux habituels départs aoûtiens, sont remplacés cette année par la prise de conscience déclenchée par ce livre. Le gouvernement très inquiet, débattra lundi, en conseil des ministres Exceptionnel, de l'interdiction d'une telle publication et n'hésitera pas à réclamer de nouveau : l'état d'urgence si nécessaire... En attendant si vous désirez vous aussi vous le procurer, contactez directement l'auteure mais dépêchez-vous, il y a urgence !    Happy Culture

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

'jeunes' 'Fabien Mérelle' 'école' 'effondrement